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LA NOTION DE COOPERATION MISSIONNAIRE…

LA NOTION DE COOPERATION MISSIONNAIRE…

…ET  LE  DEVOIR MISSIONNAIRE DES BAPTISES

I. De l’expérience au concept puis à l’institutionnalisation

Cooperatio Missionalis , se traduit simplement : coopération ou collaboration missionnaire. Il s’agit donc de coopérer ou encore de collaborer dans le domaine de la Mission de l’Eglise. En effet, au-delà de sa déconcentration ou décentralisation en Eglises locales dites particulières, l’Eglise est Une, Catholique et Apostolique (cf. Credo). De la même manière sa Mission est Une, celle inaugurée par le Christ au nom du Père et dans l’Esprit-Saint.

Ainsi donc, les disciples appelés à exécuter l’ordre de mission de leur Maître, ont le devoir de coopérer/collaborer ensemble pour être efficaces dans leur témoignage. L’Eglise primitive nous en donne bien des exemples à travers le livre des Actes des Apôtres (cf. notamment Ac 4, 32 et contraire Ac 5) et les Lettres de St Paul (2Co 9). On y voit déjà une illustration biblique de la cooperatio missionalis.

Plus loin de l’Eglise primitive et très proche de nous, le 19è et le 20è siècles qui ont vu naître de nouveaux horizons de mission (Afrique, Asie et Océanie) furent également de très belles périodes illustratives de la cooperatio missionalis. C’est à ces périodes que nous devons la conception, la gestation et la naissances des Œuvres Pontificales Missionnaires. Celles-ci sont au pluriel parce qu’elles émanent, chacune, d’un charisme et d’une sensibilité différents : deux laïques (femmes) et deux prélats.

  • D’abord, la demoiselle Pauline-Marie Jaricot (1799-1862) qui invente une formule de souscription des laïcs visant à financer ceux qui sont partis évangéliser de nouveaux horizons : c’est le début de l’œuvre de la Propagation de la Foi.
  • Ensuite, Mgr Auguste Joseph-Marie de Forbin-Janson (1785-1844) qui s’était ému de découvrir la situation des enfants qui mourraient sans baptême en terre de mission (particulièrement en Chine) et organisa les enfants de son diocèse en soutien à leurs congénères infortunés : c’est le début de l’Œuvre de la Sainte Enfance encore appelée Enfance Missionnaire dont l’Eglise commémore les 175 ans d’existence cette année.
  • Ensuite encore, Mademoiselle Jeanne Bigard (1859-1934) qui s’engagea à fond dans le financement de la construction de Séminaires pour la formation du Clergé local en terre de mission : c’est l’ébauche de l’Œuvre de St Pierre Apôtre.
  • Et enfin, le Père Paolo Manna (1872-1952), un Prêtre missionnaire qui entama une œuvre d’animation missionnaire des Pasteurs et animateurs du Peuple de Dieu à savoir les Prêtres, Religieux, Religieuses, bref des Consacrés : c’est la naissance de l’Union Pontificale Missionnaire.

Ces intuitions charismatiques promouvant la coopération missionnaire dans les quatre secteurs précités ont germé à la base et ont fait leur chemin dans l’accompagnement de l’évangélisation en terre de mission. Ce n’est qu’en 1922, vu leur caractère inspiré et leur efficacité, que le Pape Pie XI prit une décision pour assumer les trois premières comme relevant du Siège Apostolique et pour servir l’Eglise universelle. La quatrième Œuvre fut ajoutée par son successeur le Pape Pie XII en 1956.

Observations :

  • les Œuvres Pontificales Missionnaires qui traduisent concrètement l’esprit de la coopération missionnaire indispensable à l’évangélisation, ne sont pas une impositions d’en haut. Elles sont plutôt une assomption d’en bas. Elles se sont imposées le plus naturellement à la hiérarchie qui a dû les discerner puis les assumer.
  • Cela conduit à conclure, sans crainte d’erreur, que l’esprit ou le sens de la coopération missionnaire appartient à l’ADN du fidèle chrétien bien formé et sincère. En termes courants, cela doit couler dans le sang de tout fidèle conscient de son engagement baptismal. En effet, un baptisé bien formé et sincère ne devrait pas ignorer qu’il est un maillon inséré dans une chaine missionnaire. Il devrait avoir conscience que son zèle soulève, même le plus petitement possible, la chaine entière; tout comme sa tiédeur enlise, même le plus faiblement possible, la même chaine. Chacun, selon son état de vie, est un maillon appelé à s’engager individuellement et communautairement, c’est cela la coopération missionnaire.

II. De l’engagement individuel et communautaire comme un impératif

Parler donc du devoir missionnaire des baptisés dans la coopération missionnaire, revient à rappeler à chaque catégorie du Peuple de Dieu le devoir qui lui incombe, celui de jouer sa partition dans la mission de l’Eglise.

Le Saint Pape Jean-Paul II a beaucoup insisté sur les devoirs des fidèles laïcs par rapport à la coopération missionnaire dans son Encyclique Redemptoris Missio et dans l’Exhortation Ecclesia in Africa. Dans ce dernier document qui concerne particulièrement l’Eglise en Afrique, notre Saint-Patron s’était appesanti sur la solidarité pastorale organique (cf. n°s 131-135). C’est dans la logique de ces deux documents, d’ailleurs, que la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples (C.E.P.) a élaboré et publié l’Instruction Cooperatio Missionalis, appelant aussi les baptisés laïcs à s’engager directement dans l’œuvre multiforme de la Mission de l’Eglise (cf. note 1, page 1).

A présent que prennent forme les Conseils Diocésains pour la Mission et les OPM dans chaque diocèse, cela consolide notre conviction que ces Organes statutaires joueront très rapidement le rôle qui est le leur, à savoir : introduire progressivement, à travers la sensibilisation, le peuple des baptisés dans un état d’esprit correspondant aux nécessités de la Mission qui demeure fondamentalement catholique, c’est-à-dire ouverte aux autres.

En effet, pour que la foi du baptisé soit véritablement catholique, sa mentalité devrait être celle du fidèle ayant compris la portée universelle de ses actes de foi posés au niveau local. Autrement, il viendrait à manquer la «catholicité» à ses actes de foi supposés «catholiques». C’est sans nul doute pour cette raison que le Pape François, dans son Message pour les JMM d’octobre 2016 implorait les fidèles en ces termes : «Ne nous dérobons pas à ce geste de communion ecclésiale missionnaire. Ne fermons pas notre cœur sur nos préoccupations particulières mais élargissons-le aux horizons de toute l’humanité Voilà donc l’état d’esprit dans lequel les OPM s’évertuent à introduire les fidèles catholiques partout où ils se trouvent, et cela en vue d’une meilleure collaboration de tous dans l’exécution du mandat missionnaire reçu du Seigneur. Vivement que les fidèles de nos sept diocèses prennent à bras-le-corps leurs devoirs et fassent avec joie leur part dans la coopération missionnaire !

 Abbé Donald C.D. FADAZ

 

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