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Homélie du Nonce du 07 mai 2022

Homélie du Nonce du 07 mai 2022

Excellence, Mgr Nicodème Barrigah, Archevêque de Lomé,

Excellence, Mgr Dominique, Evêque de Dapaong,

Excellence, Mgr Denis, Archevêque émérite de Lomé,

Père Donald Fadaz, Directeur National des OPM,

Révérends Pères concélébrants,

Frères et Sœurs de la Vie Consacrée, Frères et Sœurs en Christ,

Avec vous, je remercie le Seigneur qui nous conduit au cœur de cette grande célébration eucharistique, cette action de grâce pour marquer les quatre Jubilés des Œuvres Pontificales Missionnaires. La présente Eucharistie consacre, en effet, la célébration des Jubilés de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples et des Œuvres Pontificales Missionnaires qui lui sont confiées. Ces jubilés étalés sur cette année 2022 sont les suivants :

  • Le jubilé des quatre cents ans de l’institution de la Congrégation missionnaire par la volonté du Pape Grégoire XV, le 22 juin 1622 ;
  • Le jubilé des deux cents ans de la fondation de l’Œuvre de la Propagation de la foi, le 3 mai 1822 à Lyon ;
  • Celui des cent ans de l’élévation des Œuvres Missionnaires au rang d’Œuvres Pontificales par le Pape Pie XI, le 3 mai 1922 ;
  • Enfin, le jubilé des cent cinquante ans de naissance du bienheureux Père Paolo Manna, fondateur de l’Union Pontificale Missionnaire. 

Ces jubilés culminent le 22 mai prochain avec la béatification de Pauline Jaricot, la fondatrice de l’Œuvre de la Propagation de la Foi et du Rosaire Vivant, qui sera célébrée à Lyon par le préfet de la congrégation pour l’évangélisation des peuples, le cardinal Luis Antonio Tagle.

Pour la gloire de Dieu et le salut des hommes, il a été possible de promouvoir une énorme activité d’évangélisation avec ces œuvres. Les églises dans les pays de mission sont la preuve de l’engagement sincère et héroïque de tant d’hommes et de femmes qui ont cru aux inspirations divines. L’église au Togo, reconnaissante, offre ce sacrifice en suffrage aux nombreux missionnaires et ouvriers de la Bonne Nouvelle qui se sont consumés sur cette terre.

Nous faisons donc mémoire avec gratitude de l’œuvre d’évangélisation lancée par des membres de la Société du Verbe Divin (SVD), poursuivie par la Société des Missions Africaines et bien d’autres agents pastoraux jusqu’à nos jours. Des prêtres, des religieux et religieuses et leurs collaborateurs, des laïcs, des hommes et des femmes, appartenant à différents instituts se sont dévoués, par leur zèle apostolique, à l’implantation de l’Eglise au sein de cette nation bien-aimée.

L’organisation des célébrations des jubilés des Œuvres missionnaires lève le voile sur la nécessité de renouveler l’engagement à poursuivre cette évangélisation, c’est-à-dire à porter l’Evangile et le salut à tous les peuples où ils sont et dans les contrées même les plus inaccessibles. Cette œuvre commencée en réalité par Jésus lui-même et confiée à l’Église, est encore très loin d’être achevée. Se référant aux statistiques, on remarque que cette mission, malgré les nombreux fruits pour lesquels nous nous réjouissons, a encore du chemin devant elle et il faut l’engagement de tous, dans un esprit de disponibilité à l’appel du Seigneur et au service des autres. Cet engagement missionnaire consiste dans le témoignage, le témoignage d’une vie chrétienne, accueilli comme une exigence irremplaçable ; le témoignage d’une vie de sainteté. 

Comme vous le savez, le 19 mars dernier, le Pape François a publié la Constitution Apostolique PraedicateEvangelium (« Annoncer l’Évangile ») sur la Curie Romaine et son service à l’Eglise et au monde. Dans cette Constitution apostolique, qui entrera en vigueur le 5 juin prochain en la solennité de la Pentecôte, le Pape François a rappelé cette priorité fondamentale de l’évangélisation. « Annoncer l’évangile, c’est la tâche que le Seigneur Jésus a confiée à ses disciples. Ce mandat constitue « le premier service que l’Eglise peut rendre à chaque homme et à toute l’humanité dans le monde d’aujourd’hui » […]. L’Eglise remplit son mandat surtout lorsqu’elle témoigne, en paroles et en actes, de la miséricorde qu’elle a elle-même reçue gratuitement. » (cf. N. I-1.). Le pape, les Evêques et les autres ministres ordonnés ne sont pas les seuls évangélisateurs dans l’Eglise. Chaque chrétien, en vertu du baptême, est un disciple-missionnaire « dans la mesure où il est allé à la rencontre de l’amour de Dieu en Jésus-Christ ».

Les textes du jour retenus pour cette liturgie dévoilent eux-aussi des formes d’expression de l’évangélisation. Dans la première lecture du livre des Actes des apôtres, Pierre redonne la joie aux fidèles avec la puissance du nom de Jésus. La guérison de Enéas et le retour à la vie de Dorcas opérés font lever les yeux des fidèles sur le Seigneur auquel ils sont reconnaissants. Pierre a su mettre à la première place de tous ces événements extraordinaires, c’est-à-dire de la guérison, de la résurrection et des conversions nombreuses (la croissance de l’Eglise) non sa propre personne, mais le Seigneur qui avait permis tout cela. 

Avec l’extrait de l’Evangile, nous nous trouvons en face d’un paradoxe. Alors qu’en cas de difficulté tout le monde redouble d’ardeur pour ne pas perdre ses partisans, Jésus opte pour une logique inverse. Voyant que beaucoup de disciples l’ont abandonné, il demande aux Douze s’ils veulent, eux aussi, l’abandonner. De cette façon, il les pousse à reconnaître leur éventuelle crise et à la résoudre. Il veut faire comprendre qu’il ne force personne à le suivre, mais veut un maximum de liberté dans l’adhésion à sa personne et à sa mission. Simon Pierre, au nom des Douze, donne la réponse décisive à la question de Jésus et explique, avec l’adhésion de la foi et de l’amour, la motivation de leur décision de rester : «Seigneur, à qui irionsnous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » (vv. 6869). Sous la puissance de l’Esprit, il témoigne que Jésus est venu dire toutes les choses que nous ne savons pas et que nous devons absolument savoir. S’éloigner de Jésus, quitter le Maître, ce serait se séparer du seul qui peut leur montrer le chemin, abandonner celui qu’ils ont aimé et connu, celui qui les a aimés le premier et, sur le chemin de leur vie, les a appelés, avec un mot chaleureux et efficace, à le suivre.

Frères et sœurs en Christ, nous avons besoin de Jésus, nous avons besoin d’être avec lui, pour nous nourrir à sa table, nous nourrir de ses paroles de vie éternelle ! Pour accomplir adéquatement l’œuvre d’évangélisation, nous devons faire de Jésus le centre et le sens de notre vie ; être lié à lui, dans une vraie relation de foi et d’amour parce qu’il est le « pain vivant », notre nourriture indispensable. En ce temps précieux de Pâques qui nous conduit vers la Pentecôte, laissons l’Esprit Saint nous montrer le chemin à suivre pour que le visage de l’Église brille toujours de la splendeur du Christ.

«Vous serez mes témoins», voilà le thème retenu pour la Journée Mondiale des Missions 2022 et que le Pape François a développé dans son Message pour nous faire vivre le fait que l’Eglise est missionnaire par nature. Cet appel à témoigner, nous dit le Saint-Père, « est le point central, le cœur de l’enseignement de Jésus aux disciples en vue de leur mission dans le monde. Tous les disciples seront témoins de Jésus grâce au Saint-Esprit qu’ils recevront : ils seront constitués comme tels par grâce. Où qu’ils aillent, où qu’ils soient. » (cf. Message).

Baptisés que nous sommes, chacun est appelé à cette mission dans l’Eglise et par mandat de l’Eglise. C’est donc ensemble en communion avec la communauté ecclésiale et non individuellement ou de sa propre initiative que la mission se fait. Cette mission à caractère universel exige non seulement de rendre témoignage mais surtout d’être des témoins du Christ, précise le Pape. Que l’indication de Jésus «jusqu’aux extrémités de la terre» nous interpelle et nous pousse à aller au-delà des lieux habituels pour lui rendre témoignage.

Frères et sœurs, l’évangélisation missionnaire constitue le meilleur service que l’Eglise peut rendre à tout homme et à tous les peuples. Cela demande accueil et adhésion dans la vérité et la liberté. Favorisez donc l’ouverture d’esprit à la volonté d’un vrai partage missionnaire entre les Diocèses.  Encouragez-vous du désir de répandre la Bonne Nouvelle au-delà de vos contrées habituelles. 

Implorons donc le Seigneur afin que « le monde de notre temps puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Evangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçus en eux la joie du Christ, et qui acceptent de jouer leur vie pour que le Royaume soit annoncé et l’Eglise implantée au cœur du monde » (Pape Paul VI, Evangelii Nuntiandi n. 80).

Chers frères et sœurs, que la Vierge Marie, Notre Dame des missions, intercède pour vous tous ;

Qu’elle vous garde chaque jour sous sa maternelle protection ;

Que le Seigneur vous bénisse et vous guide dans l’accomplissement de la mission.

Amen.

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