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A l’initiative des OPM: Pauline-Marie JARICOT

A l’initiative des OPM: Pauline-Marie JARICOT

A l’approche de la béatification de l’initiatrice de la toute première Œuvre des OPM, celle de la Propagation de la Foi et dans la perspective du double Jubilé de l’Œuvre en 2022 (bicentenaire de la fondation et centenaire de l’élévation au rang pontifical), la Rédaction de votre Bulletin vous livre, dans ce dossier, les considérations du saint Pape Paul VI sur la vie et l’engagement de Pauline Marie JARICOT, une jeune laïque lyonnaise. Vivement que les Baptisés laïcs de notre temps puissent trouver en elle, un modèle d’engagement pour la cause du salut de l’humanité en Jésus-Christ.

Du 9 au 12 novembre 1972, à l’occasion du 150e anniversaire de la fondation de l’Œuvre de la Propagation de la Foi et du 50e anniversaire de sa reconnaissance comme œuvre pontificale, s’est tenue à Lyon une conférence internationale missionnaire sur le thème « les Œuvres pontificales missionnaires sous le signe de la collégialité apostolique ». Paul VI a adressé au congrès un message daté du 22 octobre 1972 qui a été lu par le cardinal Alexandre Renard devant les 320 participants. Pour le Pape, les Œuvres Pontificales Missionnaires sont proposés à tous les chrétiens comme des « instruments privilégiés du Collège Épiscopale uni au Successeur de Pierre et, avec lui, responsable du Peuple de Dieu, qui est entièrement missionnaire. »

Paul VI présente Pauline Marie Jaricot ou Marie-Pauline Jaricot, selon les mots du Pape lui-même, comme une « authentique fille de l’Église, si radicalement dévouée à la cause des missions lointaines, et en même temps si préoccupée par les problèmes du monde ouvrier qui l’entourait » (La Documentation catholique, 3 décembre 1972, n°1621, p. 1056). Le Pape souhaite « ardemment que, dans une atmosphère de joyeuse fraternité, d’écoute attentive, de laborieuse réflexion, de vivante prière, ces Assises internationales apportent à l’action missionnaire de l’Église les éclairages propres à susciter un élan nouveau. »

C’est l’occasion pour le Pape de rappeler que la semence jetée en terre par Marie-Pauline Jaricot est devenue un grand arbre. « Cette jeune fille sut faire face, dès 1819, à un besoin pressant de l’Église et y associer tout le Peuple de Dieu ; ses vues se sont révélées perspicaces et véritablement prophétiques. A bon droit, l’Œuvre de la Propagation de la Foi, fondée en 1822, reconnaît aujourd’hui toute la part qui revient à l’intuition, à l’initiative et à la méthode de cette laïque Lyonnaise. Et si, avec abnégation, elle laissa à d’autres le soin de développer cette œuvre elle n’en fut pas moins, selon ses propres paroles, « la première allumette pour allumer le feu » ».

Mais cette constatation ne saurait suffire, ajoute le Pape Paul VI. « Encore faut-il discerner la source de cette flamme. On sait combien son zèle missionnaire s’alimentait à une vie intérieure profonde : elle se voulait toute disponible à l’amour de Dieu, avec un esprit d’enfance qui préfigurait celui de sainte Thérèse de Lisieux. Et cette générosité mystique, fruit d’une grâce du Sauveur, s’enracinait dans tout un contexte providentiel d’événements et de relations qui l’aidèrent à épanouir cette vocation. Elle lui permit de trouver et d’exécuter sans retard des gestes concrets et courageux : qui ne connaît l’adoption du « sou » sacrifié chaque semaine pour les missions, puis cette organisation géniale des donateurs par dizaines, par centaines, par milliers ? Plus que bien d’autres enfin, elle devait rencontrer, accepter et dépasser dans l’amour une somme de contestations, d’échecs, d’humiliations, d’abandons, qui donnèrent à son œuvre la marque de la croix et sa fécondité mystérieuse. Les congressistes de Lyon sauront reconnaître, dans cette offrande au Christ, ce partage d’Église, cet engagement effectif et cette patience évangélique, les caractéristiques essentielles et irremplaçables de l’apostolat. »

Pour le désormais saint Paul VI, la semence, modestement jetée en terre par Marie-Pauline Jaricot, est devenue un grand arbre. En effet, explique le pape, « l’Œuvre de la Propagation de la Foi s’est étendue sans cesse, avec le souci catholique, c’est-à-dire universel, de toutes les missions. Aujourd’hui, elle est organisée en plus de soixante-quinze pays des cinq continents [à nos jours, plus de 150 pays]. C’est une entraide spirituelle et matérielle aux dimensions de l’Église. Avec les Œuvres pontificales de la Sainte-Enfance, de Saint-Pierre Apôtre et de l’union missionnaire du clergé, reliées à la congrégation pour l’Évangélisation des peuples, elle constitue, sans exclusivisme, l’expression et l’instrument privilégié de la mission inaliénable de l’Église : « Répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église. » (Lumen gentium, n°1) Le grand rassemblement de Lyon en prendra, nous n’en doutons pas, une vive conscience, et nous nous unissons de tout cœur à son action de grâces. »

Le pape Paul VI propose ensuite quelques idées pour regarder en face la situation globale des problèmes missionnaires. Il évoque quelques griefs formulés contre les activités missionnaires de l’Église : manque de liberté religieuse dans certaines régions du monde ; manque d’ouvriers et de ressources ; affaiblissement de la conscience missionnaire du peuple chrétien lui-même, aggravé par une incertitude, voire par une critique exacerbée ; accusation de prosélytisme incompatible avec la liberté religieuse ; accusation de l’Église d’être inattentive aux valeurs socio-culturelles des jeunes nations. Le Pape note aussi diverses autres critiques : recours hâtif et excessif aux sacrements, une absence de formation d’un laïcat responsable, une assistance paternaliste, une occidentalisation imposée aux Églises d’Asie et d’Afrique, etc.

Pour le Pape, la mission n’est ni contrainte, ni propagande indiscrète, mais un témoignage actif. Il précise qu’une communauté chrétienne non missionnaire est vouée à l’asphyxie spirituelle. Il aborde aussi la question des relations entre cultures et christianisme, en invitant à reconnaître les pierres d’attente contenues dans les diverses cultures ou religions, non sans mettre l’accent sur l’évangélisation, mais aussi sur le développement et l’assistance technique qui ne doivent pas remplacer l’activité missionnaire. Le pape insiste aussi sur la place qu’il faut donner aux journées missionnaires, car elles permettent aux chrétiens de porter un regard neuf sur les missions, de pressentir les besoins et de les amener à « envisager l’évangélisation locale et l’évangélisation lointaine comme intégrée dans une même pastorale missionnaire dont la source unique est le Christ ». C’est l’occasion aussi d’éveiller des vocations proprement missionnaires de plus en plus diversifiées, prêtres, religieux, religieuses, membres d’Instituts séculiers, laïcs célibataires ou foyers, appelés à coopérer selon la diversité et la complémentarité des ministères et des dons spirituels (cf.  1 Co 12, 4-11).

La Rédaction

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